Le Sacré Coeur
Au XVIIe siècle, saint Jean Eudes mit en place les éléments d'un culte du cœur de la Vierge Marie, puis de celui de Jésus.


L'Église catholique se considéra confortée dans l'instauration de ce culte à la suite des apparitions que Marguerite-Marie Alacoque (plus tard proclamée sainte) a eu de Jésus à partir de 1673 au monastère de la Visitation de Paray-le-Monial.
Rappelant l’ardent désir du Cœur de Jésus d’être aimé des hommes et de les sauver, sainte Marguerite-Marie répandit le culte du Sacré-Cœur.
 

Sœur Anne-Madeleine Rémusat  fut une propagatrice de la dévotion au Sacré-Cœur.
Pour arrêter la peste à Marseille, Mgr  de Belsunce, sous l'inspiration de cette religieuse, plaça la ville de Marseille et son diocèse sous la protection du Sacré-Cœur, lors d'une messe célébrée le 1er novembre 1720.


En 1793, les Vendéens, rapporte Mme de la Rochejaquelein dans ses Mémoires, n'avaient aucune cocarde militaire ; beaucoup mettaient à leur chapeau des morceaux d'étoffe blanche ou verte, d'autres du papier, des feuilles, et plusieurs rien du tout ; mais tous les paysans avaient par dévotion, et sans que personne en eût donné l'ordre, un scapulaire du Sacré-Coeur cousu à leur habit, et un chapelet passé dans la boutonnière.


En 1856, le Pape Pie IX étend la Fête du Sacré-Cœur à l'Église universelle. Elle est célébrée le 3e vendredi après la solennité de la Pentecôte.

En 1873, la construction de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre, dite du Vœu national est déclarée d'utilité publique par une loi votée par l'Assemblée nationale. Elle s'inscrit dans le cadre d'un nouvel « ordre moral ».


1914: Avec la guerre qui dure et la brutalité des combats, inlassablement, les évêques appellent à prier, à communier, car la décision dépend de Dieu seul, " allié plus puissant que la Russie et l’Amérique " ...C’est alors sans doute que la dévotion au Sacré-Coeur atteint son apogée ; des diocèses, comme Besançon, lui ont été consacrés dès 1914, puis c’est la France tout entière, le 11 juin 1915.

Du coup certains ultras veulent réactualiser la prophétie de Marie Alacoque à Paray-le-Monial, enjoignant à Louis XIV de faire graver le Sacré-Coeur sur ses étendards. Des images en ce sens sont saisies par la police à Lyon en 1915. De nombreux sermons exaltent les fidèles.... Si les autorités interdisent le drapeau surchargé sur la voie publique, elles sont relativement tolérantes à ce qui se passe dans les églises, et c’est plutôt de Rome, par Benoît XV et le cardinal Billot, que vient la suspicion pour une dévotion à la fois ultra-nationaliste et souvent superstitieuse ; le Sacré-Coeur, sur la poitrine d’un soldat ou sur un fanion, est une véritable amulette.

Depuis 1915, l’Oeuvre des Insignes du Sacré-Coeur (19 quai de Tilsitt à Lyon) distribue pour la population et les soldats du front insignes et drapeaux. Pour la totalité du conflit, ces distributions représenteront douze millions d’insignes, plus d’un million cinq cent mille fanions, trois cent soixante quinze mille scapulaires et plus de trente deux mille drapeaux. Rappelons que la guerre mobilisa 8 des 40 millions d'habitants de la France, que 1,4 millions n'en revinrent pas et que 4 millions y furent blessés.

Le Sacré-Cœur est souvent représenté sous la forme d'un cœur enflammé, brillant d'une lumière divine, saignant car ayant été percé par la lance du soldat romain Longinus, entouré d'une couronne d'épines et surmonté d'une petite croix.

 Au front comme à l’arrière, les civils, les militaires portent sur la poitrine la cocarde tricolore avec l’insigne du Sacré-Cœur, en écho aux demandes exposées lors des visions de sainte Marguerite-Marie le 17 juin 1689 et renouvelées en 1917 à la jeune messagère Claire Ferchaud. Celle-ci, le 1er janvier 1917 envoyait au Président de la République, Raymond Poincaré, une lettre lui faisant part du message qui lui était adressé. Des détails intimes, connus seulement du Président accréditaient la véracité de l’avertissement. Ce message se résumait en une double demande :  la conversion du Président de la République et l’apposition du Sacré-Cœur sur le drapeau national.

Début mai 1917, Mlle de Béarn ouvre un Secrétariat du Sacré-Coeur à Paris, destiné à recueillir les signatures de la profession de foi intitulée "La France au Sacré-Coeur", diffusée dans une cinquantaine de diocèses et au plan national par l’intermédiaire du journal La Croix, appelant à l’apposition de l’emblème du Sacré-Coeur sur le drapeau national.
Mgr Amette (le 9 mai) puis Mgr Odelin, son vicaire général (le 24 mai) désapprouvent l’entreprise, qui disparaît rapidement.

Le 1er juin 1917, les préfets interdisent l’apposition de tout emblème sur le drapeau national..
Les 18 et 29 juillet, au nom de la liberté de conscience et de la neutralité religieuse de l’Etat français, le gouvernement interdit la consécration des soldats au Sacré-Coeur et le port, aux armées, de fanions et étendards du Sacré-Coeur.
Le 6 août, pour couper court à la lettre envoyée par Claire Ferchaud aux généraux français, Philippe Pétain, alors Général en chef des armées, rédige une Note aux Armées et conclut :
« Les militaires (officiers et hommes de troupes) qui recevront d’oeuvres quelconques des fanions ou étendards revêtus d’emblèmes religieux les remettront immédiatement à leur chef de corps qui en assurera la réexpédition à l’oeuvre expéditrice. Les généraux commandants les armées rappelleront aux officiers sous leurs ordres qu’ils doivent dans le service s’abstenir de tout acte à caractère confessionnel constituant une violation flagrante de la liberté de conscience de leurs hommes et de la neutralité de l’Etat français ».

Le caractère d'amulette de protection pour celui qui porte un fanion frappé du Sacré-Coeur est attesté par l'usage..
Certain de ces fanions ont été sacralisés en devenant des reliques exposées au public.
La Basilique Notre-Dame de la Garde, à Marseille, conserve trois fanions et un drapeau parmis sa collection d'ex-voto.
Le plus interessant d'entre eux est celui de la Reconnaissance de Marguerite Servolin.

Fanion tricolore brodé au centre d’un Sacré-Cœur entouré d'une couronne d'épines et surmontée d'une croix et de flammes. Au dessus et au dessous, inscription brodée: "Coeur Sacré de Jésus, espoir et salut de la France".
Ce fanion a été découpé en quatre morceaux puis recousu sur un tissu. Chaque morceau est accompagné d’une médaille de la Vierge Marie et brodé de deux initiales: P.S., J.B., M.B. J.B.
Dimensions du fanion: hauteur 0,16 m largeur: 0,18 m.
Porté par Joseph Servolin, un tonnelier marseillais, pendant la guerre de 1914-1918, ce précieux fanion a été par la suite précieusement conservé par sa famille qui l’exposait chaque année dans la crèche familiale, en mémoire de la protection céleste qu’il pensait avoir reçu.
En décembre 1942, la famille dut céder sa maison du Roucas Blanc aux allemands qui réquisitionnèrent une partie du quartier. Marguerite Servolin, entre-temps devenue veuve, partagea le précieux souvenir en quatre morceaux pour accompagner chacun de ses 4 petits-enfants: Paul Servolin, Jean Boyer, Marguerite Boyer et Jacques Boyer. Ils furent ainsi protégés par le Sacré-Cœur et la Sainte-Vierge.
A la Libération, tous purent se retrouver dans la maison pour reconstituer le petit drapeau. En juillet 1946, Marguerite et sa fille Marie vinrent à Notre-Dame de la Garde offrir ce symbole familial en reconnaissance de la protection apportée.

voir: https://www.histoire-genealogie.com/Au-combat-les-Poilus-doivent-avoir
http://www.spiritualite-chretienne.com/s_coeur/iconog.html
http://semperfidelis.over-blog.fr/article-le-sacre-coeur-durant-la-grande-guerre-60685186.html
Ex-voto de Notre-Dame de la Garde - La vie publique de Félix Reynaud édition La Thune Marseille 1997